Grèves des Travailleurs Sans Papiers

Une bataille digne contre la surexploitation

Le 25 Octobre 2021, 30 Start People de Rungis et les 37 de Proman d’Alfortville occupent avec la CGT 94, les deux agences d’intérim pour obtenir leur régularisation. Leur action s’inscrit dans un mouvement travailleurs migrants à l’échelle de toute l’Ile-de-France, dans le 91,le 93, le 75 et le 94.

Avec la campagne présidentielle, la surenchère de dénigrement des immigré.es va encore monter de plusieurs crans par la partie la plus réactionnaire du camp d’en face. Pour autant la réalité est qu’avec ou sans papiers, ils font partie totalement de la classe ouvrière. Leur sur exploitation par toutes les entreprises citées ci-dessous, due au fait d’être maintenus sans papiers, en fait des salariés sans droits qui ne peuvent jamais dire non à leurs patrons.

La grève à l’entreprise les fait reconnaitre pour ce qu’ils sont, des ouvriers de ce pays !

Les éboueurs de SUEZ à Sucy-en-Brie collectent les poubelles à Créteil, dont les tournées à la préfecture, une partie était sans papiers et intérimaires « à temps plein ».

La liste des piquets de grève de ce mouvement :

  •  Monoprix, (livreurs en auto-entrepreneurs utilisés par Monoprix) ;
  • Café Marly (Louvre), chaine de la restauration de luxe Coste, salariés en extra restaurations avec plus de 200 heures par mois en continu depuis deux ans ;
  • Manpower, Targett, Planet, Man BTP, Proman, Start People ;
  • Tous salariés intérimaires achetés par Suez, Nicollin, Fedex, Colas, Razel, GLS, Veolia, Derichebourg, Chronopost, Bouygues, TNT… ;
  • GLS, plateforme de logistique pour trier et faire transiter nos colis ;
  • Sepur, collecte des dechets, salariés sur- exploités par SEPUR avec, en paravent, deux agences d’intérimaires « maison », sans existence physique, ni bureaux ni locaux, et chantage au maintien du travail (travail contre rétrocessions de 10 % du salaire aux chefs d’équipes).

Une méthodologie pour gagner les régularisations

Comme toujours, ces grèves demandent une préparation minutieuse ( une année ) , car il s’agit pour gagner de prouver et de démontrer chaque situation, quelle soit incontestable et non sujette à discussions lorsqu’« on les mets sur la table ».

Ces salarié.es ne peuvent jamais dire non, jusqu’au jour ou ils « posent le sac » et rentrent dans un mouvement de grève non contestable car salarié.es en  activités le jour du déclanchement de la grève. Le préfet de police de PARIS, qui a pouvoir de police sur Paris ET la Petite Couronne a tenté de casser l’ensemble du mouvement, tentant d’empêcher le processus de régularisation des travailleurs sans papier et donc de favoriser le maintien de ceux-ci dans la surexploitation, au service de Proman, Suez, Sodexo, Véolia, Colas, DTM, Nicollin, GLS, DP Schenker… S’il a eu l’aval écrit des dirigeants de Proman et de Start People, il n’en a pas été de même sur Paris où la Direction du Louvre et d’autres entreprises ont refusés l’intervention de la Police pour des raisons d’image publique  essentiellement.

Cette situation a créé de fortes contradictions dans le camp d’en face.

Le 2 novembre, le collectif CGT TSP IDF rencontrait le Ministère de l’Intérieur et le Ministère du Travail pour un protocole de régularisations totalement dérogatoire à la circulaire Valls. Ainsi le cadrage global aux Ministères du Travail et de l’Intérieur sur des critères dérogatoires à ceux de la circulaire Valls, rentrent dans la régularisation 220 salariés sans papiers.

Pour le 94, au final, 63 cartes salarié.es pour nos camarades ont été délivrées entre le 15 et le 31 janvier 2022. C’est une belle victoire en conclusion pour nos camarades ex-TSP et c’est l’application rigoureuse de nos décisions du congrès de mai 2020.

Deux démarches sont possibles pour obtenir la régularisation de travailleurs

  • le dépôt de dossiers individuels dans le cadre strict de la circulaire « Valls » du 28 novembre
    2012 n° NOR INTK1229185C et la FAQ de 2018 ;
  • l’occupation des entreprises, rapport de forces qui rend possible des procédures dérogatoires
    aux critères fixés par ces textes.

La construction du rapport de force pour les occupations d’entreprises se fait :

  • Avec des salariés en activité, préalable incontournable pour la mise en œuvre du droit de grève ;
  • Avec une connaissance détaillée et totale des situations passées et présentes de grévistes.

On ne peut parler de victoire que quand il y a au bout de la lutte la carte salariée et le maintien dans l’emploi, condition nécessaire, dans le cadre actuel, pour un renouvellement fluide de la première carte d’un an.

Nous ne voulons pas de salarié.es sans droits dans les entreprises.
Ils bossent ici, ils vivent ici, ils restent ici !

Le Collectif Travailleurs Migrants de L’Union Départementale CGT 94